Conférence :

 

                                               " Qu'est-ce que le catharisme ?

             Origines et fondements spirituels d'une Église dissidente en Pays d'Oc  "                     

                                                         par Madame Pilar JIMÉNEZ

 

Dissidence médiévale, le catharisme est présenté par ses détracteurs, les théologiens catholiques de l’époque, comme une hérésie dualiste importée de l’Orient. Pourtant, les recherches récentes montrent que les origines doctrinales et les fondements spirituels de ce christianisme dissident peuvent se trouver dans le contexte de réforme spirituelle et institutionnelle de l’époque, celui de la chrétienté occidentale de la première moitié du XIIe siècle. La nouvelle Eglise qui nait alors s’implante sur certains territoires des Pays d’Oc. Les origines et les fondements spirituels de cette Eglise, ainsi que les raisons de son implantation dans le Midi de la France, seront développés dans cette conférence.

Pilar Jiménez : Enseignante et chercheure associée au Laboratoire CNRS-UMR 5136 FRAMESPA (France Méridionale et Espagne), Université Jean Jaurès de Toulouse. Auteure d’une thèse publiée sous le titre Les Catharismes. Modèles dissidents du christianisme médiéval (XIIe-XIIIe s.), éd. Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2008.

Membre fondateur du Collectif International de Recherche sur le Catharisme et les Dissidences (CIRCAED). Auteure de nombreux articles scientifiques et de divulgation sur les catharismes et ses  espaces de diffusion.

   Qui sont les cathares ? Ce mot est devenus synonyme d’Albigeois ou d’hérétiques après la parution au XIX° siècle d’ « Une histoire des cathares ou albigeois », mais eux-mêmes s’appelaient  « Bonshommes ou vrais chrétiens ».


   Quelles sources ?

   Chroniques, archives consulaires, registres de l’inquisition, active dans la région à partir du XIII° siècle, 3 rituels dont 2 en occitan, 1 plus tardif mis par écrit dans des communautés des piedmonts pour continuer les pratiques sacramentaires  de ces cérémonies; celle du pardon la confession, mais surtout la cérémonie du consolamentum ou consolament par l’imposition des mains, baptême de Pentecôte avec le saint Esprit.
   Un livre en Italie « livre des deux principes » rituel en langue d’oc , un manuscrit de Lyon daté du début du XIV° siècle probablement écrit par les frères Autier.
   La plus ancienne est le compte rendu du concile de Lombers en 1165, organisé par l’évêque d’Albi, celui de Lodève (qui arbitre les débats) et auquel les seigneurs laïcs du lieu ont été conviés.


  Le contexte politique : La féodalité est la dispersion du pouvoir, la réalité du pouvoir est détenue par le comte de Toulouse, les Trencavel vicomte d’Albi, Rodez, et le comte de Foix, les comtes de Toulouse et le roi d’Aragon, comte de Barcelone s’affrontent, de son côté la papauté avec la réforme grégorienne s’efforce de s’émanciper du pouvoir temporel et s’érige en pouvoir spirituel unique, (lutte contre la simonie, le trafic des indulgences, …).
En 1209  la croisade des albigeois va détruire les comtés de Toulouse et de Carcassonne.
 
   Les croyances
   Les Bonshommes s’appuient sur les textes du Nouveau Testament, leur critique de l’église est fondée sur les écritures et ils condamnent l’attitude du clergé qui s’associe au pouvoir temporel.
   En 1140 des clercs contestataires prêchent une  église primitive  sont dénoncés comme ariens  en Rhénanie, en Flandres Bourgogne Champagne et dans le midi.

  Les sacrements ne sont pas figés dès le début, à partir du V°siècle des discussions sur le baptême : immersion,  imposition des mains, adultes etc… et depuis le VIII°siècle on commence à baptiser les enfants.
Ce qui fonde une église est son organisation, sa hiérarchie et son implantation.
 
   L’organisation :
   Une hiérarchie ; un évêque dans le catharisme s’appelle  un « chrétien » et vit réellement la règle de vie de l’évangile, chaque mois le diacre vient visiter les communautés de bonshommes et bonnes femmes pour les confesser, la nouveauté c’est qu’ils vivent en communauté suivant une règle, mais à la maison dans les villages et sont protégés par l’élite du castrum, et s’habillent de sombre.
La majorité sont des croyants qui aspirent au consolament à l’article de la mort, l’âme pourra retourner au royaume de Dieu.  

   Sur le territoire, il y a eu 5 diocèses, le  premier évêché est à Albi et de nouvelles églises se sont fondées à Toulouse, Carcassonne, ensuite celle Agen et celle du Razès. 

   La conception du salut  hante l’époque, et pour les cathares la voie du salut passe par le baptême spirituel, seul véritable sacrement, le baptême d’eau est l’initiation, ils refusent des sacrements tels que celui  de l’eucharistie, (la transsubstantions).
En souvenir de la dernière cène  ils font la bénédiction du pain, refus du culte des saints et du purgatoire (créé au XII°), ainsi que  les offrandes pour les défunts, le sacrement de mariage est contesté, ainsi que les 7 sacrements à partir du milieu du   XII° siècle.

 
   Le concile de Lombers est le 1° acte de la lutte de la papauté contre les hérésies de l’intérieur et d'imposer le pape à la tête de l’Eglise et de la société tout entière, se plaçant au-dessus du pouvoir temporel.
En judiciarisant la lutte contre les hérésies l’Eglise impose aux seigneurs locaux de s’impliquer aux côté de la papauté.
   Le feu de Montségur  signe la fin de cette dissidence et la fin de l’indépendance des comtés de Toulouse et Carcassonne au début du XIII° siècle.

 


Sources : Revue du Tarn  automne 2016 n° 243
Les actes du "Concile" de Lombers de 1165 de Pilar Jiménez

L'Église cathare de l'Albigeois et sa hiérarchie de Gwendoline Hancke

 

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